Comédienne
et actrice italo-américaine
Biographie :
Un peu d’histoire sur ses origines et ses parents :
Sa mère, Giuseppina di Lorenzo-Aguglia (née en 1856 à
Palerme), était une authentique comtesse sicilienne dépossédée de sa fortune
par ses 3 frères à la mort des parents. Placée dans un couvent par ses
spoliateurs, elle fit la connaissance d’un séminariste dont elle tomba
amoureuse. Les deux amants s’enfuirent et décidèrent de créer une troupe de
théâtre. Giuseppina était déjà une célèbre comédienne lorsque Mimi naquit
pendant d’une tournée au cours de laquelle elle interprétait le rôle de
“Desdemone” dans “Othello” de Shakespeare. Le prénom de Girolama lui fut donné
en souvenir de son grand-père maternel, mais les familiers de la petite troupe
ambulante l’avaient déjà surnommé “Mimi”. C'est avec Giuseppina Aguglia que
Mimi va faire ses premiers pas à la scène en interprétant en avant spectacle,
des petits rôles du genre saynète alors qu'elle a tout juste quatre ans. A 16
ans, elle donne la réplique à sa mère dans des pièces dramatiques.
La grande aventure commence.
Deux ans plus tard, la jeune comédienne fait la
connaissance du baron Vicenzo Ferrau, un noble sicilien qui lui fait part de
son projet de produire une nouvelle compagnie de Théâtre et il enrôle la jeune
comédienne en même temps qu’Angelo Musco et Giovanni Grasso, les deux meilleurs
acteurs de la Compagnie du théâtre sicilien. Malgré l’opposition de ses
parents, Mimi, qui rêve d’espace et de gloire, part en tournée avec la petite
troupe qui se produit en dialecte sicilien et obtient un grand succès en
Italie. Le baron décide alors d’étendre la tournée à toutes les capitales
d’Europe; la compagnie ira jusqu'en Russie où Mimi fait un triomphe bien que ne
s'exprimant qu'en italien. De là, elle s'embarque avec le comte Ferrau pour les
Etats Unis, fait un détour au Canada avant de redescendre en Amérique du Sud
via le Mexique où son spectacle est vivement salué par le célèbre
révolutionnaire Pancho Villa.
En 1907, à Buenos Aires, elle met au monde une petite
fille qu'elle prénomme "Argentina" laquelle, on le sait, suivra les
traces de sa maman en devenant une grande actrice du cinéma américain sous le
nom de Brunetti, le nom de son mari. Pour ce qui concerne la présomption de
paternité de la petite Argentina, attribuée sans preuve au comte Ferrau, rien
ne permet d’affirmer aujourd’hui encore, qu’elle était bien sa fille naturelle.
Mais revenons à la belle sicilienne au regard piquant
qui est alors remarquée en 1908 par un impresario américain du nom de Charles
Frohman qui, séduit par l’audace scénique de la jeune comédienne, la fera
engager à Broadway en 1910. De l’audace, Mimi n’en manque pas: en 1913 elle
interprète "Les voiles de Salomé" de Richard Strauss où elle danse,
revêtue seulement de sept voiles fins sous lesquels elle apparaît nue. C'est le
scandale, mais cette image provocante, qu’elle traînera longtemps derrière, est
relayée à grands bruits par le “New -York Time” ce qui servira très bien la
suite de sa carrière. Durant cette période, elle interpréta aussi un rôle
important à l’opéra dans “Cavalleria Rusticana” où jouait également sa fille
Argentina âgée de trois ans.
En novembre 1919, elle donnera 31 représentations de
Whirlwind (Tourbillon) une pièce de George C. Hazelton et Brun de Ritter au
«Standard Théâtre» de Broadway où elle figure en tête de casting dans le rôle
de “Chiquitéa”. En 1923, elle interprète le répertoire italien au «Majestic
Théâtre» également à Broadway. Elle fait ses débuts au cinéma l'année suivante
(1924) dans un film muet de John G. Blystone d'après une nouvelle de Mary
Shelley de 1826. Ce sera pour elle un petit rôle pour lequel elle ne sera
d'ailleurs pas créditée.
Mais Mimi semble se désintéresser du cinéma. La
dramaturge, dont la qualité essentielle est de déclamer les textes des plus
grands auteurs dramatiques, ne supporte pas de rester muette sous l’œil
bucolique de cette grosse boîte que l’on nomme «camera». Huit ans plus tard,
lorsque les «cameras» découvriront la parole, Mimi sera de nouveau sollicitée
au cinéma et se retrouvera en tête de casting en 1932 dans le film de Bert E.
Sebell "Marido y mujer" aux côtés de l'acteur Antonio Cumellas.
En réalité, il y avait aussi une autre raison de
l’absence de la comédienne au cinéma durant cette période. Si elle ne tourne
plus c'est que Mimi Aguglia est repartie en Sicile. Elle y restera cinq ans
pendant lesquels nous ignorons ce qu'elle y a fait. Mais son retour au cinéma
américain est de bon augure pour elle car elle ne va pratiquement plus arrêter
de tourner pendant les vingt années suivantes. En 1945, elle demande et obtient
la nationalité américaine ce qui facilitera encore ses relations avec les
réalisateurs américains.
Mimi Aguglia donna au cinéma des bons rôles à la
mesure de son caractère méditerranéen: des duègnes, des sud-américaines
pétulantes ou enflammées, voire des princesses, et, à partir de 1940, se sera pour
elle des rôles de mères (That Midnight Kiss – elle sera «Mama Donnatti», ou Cry
of The City, «Mama Rome»). Elle travailla avec des réalisateurs reconnus à
l'époque tels John Sturges, Henry King, Howard Hughes, John Huston, Mervyn
LeRoy, Robert Siodmak mais également aux côtés une pléiade d'acteurs à leur
sommet ou en passe de l'être tels que Glenn Ford, Gloria Stuart, Tyrone Power,
Victor Mature, Gary Cooper, Mario Lanza, Gene Kelly, Anna Magnani et bien
d'autres non cités dans la filmographie.
Sa dernière prestation filmée le sera pour la
télévision où elle apparaît en vedette dans la série "Docteur
Kildare" en 1964. A noter enfin que Mimi Aguglia et sa fille Argentina se
retrouveront dans deux films: "When in Rome" (1952) et "The
Brothers Rico" (1957). La petite sicilienne de Catane aura connu l'Europe
et les deux Amériques pendant près de soixante années de carrière tant au
théâtre qu'au cinéma et aura endossé des personnages dans presque tous les
genres avec une aisance remarquable qui l’ont rendu très populaire sans pour
autant lui permettre d’atteindre vraiment la gloire cinématographique. Sa
fille, Argentina Brunetti, s'en chargera pour deux.
Filmographie :
1924 - The
Last Man on Earth de John G. Blystone avec Earle Foxe
1931 - Mi
último amor (Mon dernier amour) de Lewis Seiler avec José Mojica
1932 -
Marido y mujer (Mari et femme) de Bert E. Sebell avec Antonio Cumellas
1933 - El
ùltimo varon sobre la Tierra de James Tinling avec Raul Roulien
1933 - Primavera
en otoño (Printemps en automne) d’Eugene Forde avec Luana Alcañiz
1933 - Una
viuda romántica de Louis King avec Enrique Acosta
1934 - Tres
Amores (Trois amours) de Aubrey Scotto et Jesús Topete avec José Crespo
1935 - Señora casada necesita marido de James
Tinling avec Catalina Bárcena
1937 - The Lady Escapes (non crédité) d’Eugene
Forde avec Gloria Stuart
1943 - The Outlaw (Le Banni) de Howard Hughes avec
Jack Beutel
1945 - A Bell for Adano (Pour que sonne la cloche)
(non crédité) de Henry King avec Gene Tierney
1946 - The Time, the Place and the Girl (non
crédité) de David Butler avec Dennis Carson
1947 - Carnival in Costa Rica (Le carnaval de
Costa-Rica) de Gregory Ratoff avec Dick Haymes
1947 - Unconquered
(Les conquérants d’un nouveau monde) (non crédité) de Cecil B. De Mille avec
Gary Cooper
1947 - Capitaine
de Castille (non crédité) de Henry King avec Tyrone Power
1948 - Cry
of the City (Le cri de la ville) de Robert Siodmak avec Victor Mature
1949 - We
Were Strangers (Les insurgés) (non crédité) de John Huston avec Jennifer
Jones
1949 - That
Midnight Kiss (Ce baiser de minuit) de Norman Taurog avec Mario Lanza
1949 - The
Doctor and the Girl (Corps et âme) (non crédité) de Curtis Bernhardt avec
Glenn Ford
1949 - East
Side, West Side (Ville haute, ville basse) (non crédité) de Mervyn LeRoy
avec Barbara Stanwyck
1950 - Black
Hand (La main noire) de Richard Thorp avec Gene Kelly
1950 -
Deported de Robert Siodmak avec Marta Toren
1950 - Right
Cross (Tourment) de John Sturges avec June Allyson
1950 - The Man Who Cheated Himself de Felix E.
Feist avec Lee J. Cobb
1951 - Cuban Fireball de William Beaudine avec
Tont Barr
1952 - When in Rome de Clarence Brown avec Van
Johnson
1952 - C’era una volta angelo musco de Giorgio
Walter Chili avec Nino Manfredi
1955 - The Rose Tattoo (La rose tatouée) de Daniel
Mann avec Anna Magnani
1957 - The
Brothers Rico (Les frères Rico) de Phil Karlson avec Richard Conte
A la télévision :
1956 - "The Millionaire" - The
Virginia Lennart Story (Série TV)
1964 - "Dr. Kildare" - Rome Will Never Leave You (Série TV )
© Louis AUBERT pour Les Gens du Cinéma (mise à jour
23/10/2006)